lundi 17 mars 2008

SOS espèce menacée : la gazelle tibétaine

la gazelle tibétaine : procapra picticaudata

dimanche 16 mars 2008 par Sylvie CARDONA

La gazelle tibétaine est endémique au plateau du Tibet. Au début du 20ème siècle, elle était présente sur un territoire de 20 000 km2 au Ladakh en Inde. Des études menées en 2000 ont démontré que les effectifs avaient chuté jusqu’à atteindre un seuil critique. Aujourd’hui il reste moins d’une centaine d’animaux répartis dans la vallée de Henle et le plateau de Kalak Tartar pour un territoire de 100 km2.

La population côté Tibet n’a pas non plus été épargnée par ce déclin, bien que le noyau soit plus important. Si rien n’est fait très rapidement, l’extinction de la gazelle au Ladakh est donc inéluctable. Des recherches ont été menées pour identifier les causes de cette baisse alarmante des effectifs qui résulte d’une combinaison de facteurs : pression de la chasse, dégradation du milieu naturel, extension des pâturages pour le bétail. Outre la concurrence pour la nourriture avec le bétail, la petite population de gazelles a subi cette année plusieurs tempêtes de neige qui ont conduit la plupart des animaux à mourir de faim, comme durant l’hiver 1998-1999. Un petit troupeau avait pu quitter le plateau de Kalak Tartar pour s’établir dans la plaine de Raque mais cette zone est traversée par une route reliant plusieurs postes militaires et la présence de chiens errants devenus prédateurs potentiels n’ont pas permis à cette petite population de se développer. Par ailleurs, il a été constaté que les ongulés sauvages pouvaient contracter diverses maladies propagées par les animaux domestiques.

Les gazelles évitent donc les zones où paissent les moutons et les chèvres. En revanche, elles semblent très bien supporter la présence des yaks domestiques et des kiang. La plus grande partie de la population de gazelles vit dans la vallée de Hanle. Les habitants de la région étaient des nomades mais ils sont de plus en plus nombreux à se sédentariser. Dans les années 1950, la population humaine avait déjà considérablement augmenté avec l’arrivée des réfugiés tibétains. Corrélativement, le nombre des troupeaux d’ovins et de caprins a augmenté. La chasse intensive a peu à peu été maîtrisée dans les années 1980 mais l’extension des pâturages a progressé. La pashmina est la principale ressource locale ; La laine provient de la chèvre changra dont l’élevage s’est intensifié ces dernières années.

Un programme de conservation a donc été mis en place en 2005. Il doit s’étaler sur une durée de 10 à 15 ans et permettre à la population de gazelles d’atteindre un seuil de 500 animaux. Parmi les mesures établies : restaurer et agrandir le territoire des gazelles en réduisant les pâturages (compensation en approvisionnant en fourrage les animaux domestiques) et en permettant des connexions avec la population du Tibet, déviation de la route qui traverse le territoire des gazelles, vaccination des troupeaux d’ovins et de caprins, élimination des chiens errants. En plus d’informer et de sensibiliser les habitants à la protection des gazelles tibétaines, il est prévu de constituer des équipes de surveillance (les habitants sont embauchés en priorité) qui contrôleront les activités de chasse et récolteront les données qui seront ensuite transmises aux scientifiques.

Sylvie CARDONA

Co-Fondatrice d’AVES FRANCE
Chargée de mission
Adresse de contact : Mairie de Dornes
Bureau local AVES FRANCE - Nièvre
A l’attention de Sylvie Cardona
58390 Dornes
sylvie.cardona@aves.asso.fr
Tél. : 06.28.08.23.46

vendredi 14 mars 2008

fait suite au commentaire d'Antoine du 28 février 08


en fait ça s'écrit comme ça... mais difficile de trouver toutes les lettres pour les insérer à un simple commentaire... (voir les commentaires au message d'Estelle du 22 février: "Apprendre le tibétain")

mercredi 12 mars 2008

Tibétain à Lausanne

http://www.thegchok-ling.ch/CTL_LeCentre.htm

Lien vers un centre de Lausanne ou ils donnent des cours rapides et intensif, à vérifier.

mardi 11 mars 2008

Les treks se concrétisent...

Grâce à l'association Rigzen-Zanskar, nos deux treks se concrétisent progressivement. Je viens en effet de recevoir un téléphone de l'oncle François qui a eu un contact téléphonique avec Rigzen : Voici ce qui en ressort :
  • Le premier trek (boucle au Zanskar) est à son avis réaliste en 9 jours et non en 8 comme nous l'avions prévu. La variante en 8 jours nécessiterait en effet une grosse étape de 9-10h de marche...
  • Le second trek ne semble pas réaliste en 5 jours : Rigzen semble dire qu'il faut 8-9 jours, mais François maintient que c'est faisable en moins. La variante courte (rejoindre directement Lamayuru depuis Kanji) reste une alternative faisable selon tous les avis.
  • Le financement (30.- à 35.- par jour et par personne) irait directement aux horsemen et cuisiniers (pour les 2/3 environ), alors que le tiers restant servirait à alimenter un fond pour la formation des horsemen et la conservation des pâturages au Zanskar.
Un nouveau téléphone est prévu ce soir pour s'assurer des dates, en particulier pour le retour sur Delhi... je vous tiendrai au courant de la suite des événements !

samedi 1 mars 2008

note de lecture: voyage au Zanskar, récit d'écrivain

Le Tibet sans peine
Pierre Jourde, éd. Gallimard, 2008, 118 pages, photos de l'auteur

Pierre Jourde a effectué 3 voyages au Ladakh. Le premier en 1980 (il a alors 25 ans), étape d'un voyage de jeunes copains balieusards (de Créteil) en Inde, et au Cachemire, où subjugué par les paysages grandioses du Ladakh, il se promet d'y revenir. Le second l'année suivante, où avec son amie. Ils rejoignent à nouveau la région par le Zoji La, puis le Zanskar, avec un guide muletier avant de reprendre la route pour Srinagar. Le troisième est entrepris 2 ans plus tard, pour des raisons difficiles à avouer. Avec son ami Thierry ils gagnent le Zanskar par le sud (Manali puis trek sans guide ni muletier Darsha - Padum par le Shingo La, ). Entrepris début juin ce voyage les confrontera à la neige et à la glace. Ils devront d'ailleurs poursuivre à pied, franchir le Pensi La et aller jusqu'à Panikahr pour rejoindre un route ouverte.

Pierre Joudre a entrepris l'écriture de ce récit 23 ans après. Il prend l'allure d'une "épopée cocasse, décrivant les tourments, les émerveillements et les ridicules de jeunes occidentaux livrés à une nature démesurée". Non sans autodérision il transcrit l'inconscience et la ténacité dont a fait preuve leur équipée. Espiègle il s'interroge sur les motivations des voyageurs de l'Himalaya et décrit le progressif état de délabrement moral et physique auquel l'épreuve conduit les voyageurs (face à la légereté, à l'hospitalité et à l'endurance des "Tibétains"). Une écriture qui évoque le ton et le sens de l'absurde de Nicolas Bouvier, qui nous livre des ambiances très "parlantes" tout en nous tendant un miroir souvent provocateur et ne laissant pas place à l'indifférence.

Fin de voyage à Leh, alors que le tourisme investit la ville:
"J'ai pitié de les voir se laissr prendre en photo par des Allemands roses et gras. J'ai pitié de les voir se laisser prendre en photo par moi. Même si je suis famélique. L'Occident aura aussi efficacement anéanti cette culture par la curiosité que, de l'autre côté de la frontière, la Chine par l'oppression. Et notre propre curiosité y aura contribué." (p. 114)

A Rarik, dernier village avant de s'engager dans le Shingo La en venant du sud:
" Je commençais à en prendre la mesure: la capacité d'une civilisation à admettre l'autre, et par conséquent la possibilité pour un Occidental d'entrer dans un accord profond avec elle tout en restant lui-même, est en raison inverse du degré d'asservissement des femmes. Est-ce seulement parce que nous avons besoin de retrouver ailleurs une image ressemblante, et et notamment une distribution comparable des rôles sexuels? Pas seulement. L'articulation du féminin et du masculin est libératrice. Leur exclusion mutuelle, tyrannique." (p.74)

François

note de lecture: Csoma de Körös, le fabuleux destin du premier occidental à séjourner au Zanskar

Celui qui vivait comme un rhinocéros, Alexandre Csoma de Körös (1784-1842), le vagabond de l'Himalaya.
Sylvain Jouty, éd. Fayard, 2007, 338 pages, photos.

C'est l'histoire véridique d'un personnage extraordinaire, au destin ironique et à la gloire involontaire. Originaire de Transylvanie, entièrement dévoué - pour ne pas dire obnubilé - par la mission qu'il se donne de retrouver l'origine de sa langue, le hongrois, Csoma de Chörös, mourra au Sikkim 23 ans après avoir quitté son pays. Il n'aura pas pu atteindre Yarkand ou le Grand Tibet, ni percer le mystère de sa langue. Mais il aura été l'auteur européen d'une oeuvre monumentale aux sources de la tibétologie (dictionnaire, grammaire, traductions de textes fondamentaux, etc).

La première partie du livre nous fait découvrir la naissance de sa vocation, dès son enfance, et comment il devient linguiste érudit tout en développant son originalité. Déguisé en Arménien sans le sou (ce qu'il est réellement) il part ensuite en spartiate clandestin sur les routes de Perse puis d'Asie centrale pour trouver le pays des Huns. "Sandor" nous fait alors découvrir une route de la soie très féquentée par marchands et pélerins d'Asie, mais hermétiquement fermée aux Européens. A Boukhara, dans l'impossibilité de poursuivre son périple à l'est (il vise Yarkand) il est contraint de viser le sud, l'Afghanistan puis le Penjab, encore empire indépendant. Il y croise le destin également improbable de deux officiers, français et italien, qui se mettront au service du Maharadja Ranjit Singh, alors autorité éclairée du Penjab et du Cachemire où il se dirige. Il est alors le 3e occidental connu - en 3 siècles - à pénétrer dans cette région régulièrement conquise et reconquise par les puissances voisines (Afghans, Moghols de Dehli, Penjab), et pourtant déjà rendue célèbre en Europe par les préromantiques. Il est intéressant de noter que le Ladakh, dont les royaumes sont également convoités par différentes puissances voisines, est alors tributaire du Cachemire. Acquérant toujours plus de connaissances linguistiques "Sandor" veut remonter de Srinagar vers sa quête en passant par Leh et de là, droit au nord, par le col du Karakorum (une branche alors importante et très surveillée de la route de la soie).

Le Ladakh orientera son destin différemment. "Sandor" y rencontrera William Moorcroft, superintendant de la Compagnie des Indes, institution encore strictement privée de développement des intérêts du commerce anglais dans le subcontinent. Moorcroft cherche à se rendre en Asie centrale pour y trouver une nouvelle source d'approvisionnement en chevaux, nécessaires au développement de la puissance de la Compagnie dans les Indes. L'auteur consacre deux ou trois chapitres passionnants à ce vétérinaire Moorcroft, premier Anglais à pénétrer au Ladakh avec toute sa caravane d'explorateur, arrivant après moultes péripéties le 24 septembre 1820 à Leh. Le destin des ces 2 hommes exceptionnels se croise là, à l'orée du "Grand Jeu" pour le contrôle des routes et richesses de l'Asie centrale auquel se livreront les grandes puissances (Russie, Chine et Angleterre) et les multiples Etats féodaux concernés. C'est dans ce contexte que la piste du Karakorom leur sera définitivement fermée.

"Sandor" contraint de se tourner à nouveau vers le sud sera le premier Occidental à pénétrer au Zanskar, en juin 1823. C'est en effet là, à Zangla, qu'il sera chargé par Moorcroft d'établir, toujours clandestinement, un dictionnaire tibétain. Il y passera un premier hiver dans une cellule sans chauffage, à travailler avec un moine, avant de découvrir les richesses de la littérature tibétaine à Pukthal et autres monastères.

On le suivra encore à Simla et dans le Spitul où il poursuivra son oeuvre avant de descendre à Dehli et Calcutta où finalement son travail sera consacré par l'Asiatic Society. Le tourment de cet homme fabuleux ne sera pourtant pas terminé car sa mission initiale, la découverte des origines de sa propre langue, le hongrois, toujours pas achevée...

Voyageur extraordinaire "Sandor" Csoma de Chörös n'a rien d'un explorateur car rien d'autre que sa quête (et, par là la découverte de toutes les langues) ne semble le toucher, voire l'intéresser (à Zangla où il vit plusieurs mois c'est à peine si il se rend au village)... Son destin n'en est pas moins fascinant, au contraire et, dans son livre, Jouty sait mettre en valeur ce parcours singulier pour nous conduire à travers une multitude de civilisations, religions et paysages à la rencontre d'autres individus d'exception et de cette période fascinante et complexe de l'histoire de la maîtrise de l'Asie centrale et de l'Himalaya. Ce dernier élément m'a incité à reprendre Kim, ce beau roman de Kipling, mais c'est une autre histoire...

François